Une tribune de syndicats de police exhorte à «stopper le train fou de la délinquance»

© AFP 2023 GERARD JULIENDes policiers français lors d'une opération de police contre la prolifération des stupéfiants et des armes dans les quartiers nord de Marseille, janvier 2012
Des policiers français lors d'une opération de police contre la prolifération des stupéfiants et des armes dans les quartiers nord de Marseille, janvier 2012 - Sputnik Afrique, 1920, 11.05.2021
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Des responsables syndicaux, le magistrat Charles Prats et l’avocat Thibault de Montbrial ont signé une tribune dans Le Figaro dans laquelle ils dénoncent le niveau de délinquance en France. Ils réclament des réponses pénales plus fortes, et donc davantage de places de prison.

Après deux tribunes de militaires, c’est au tour des policiers de signer la leur, cette fois sur l’actualité brulante et violente, en particulier la délinquance. Lundi 10 mai, les représentants des principaux syndicats de police, le magistrat Charles Prats et l’avocat Thibault de Montbrial ont appelé dans Le Figaro à mettre fin à la délinquance, dénonçant des sanctions pénales trop faibles.

Ils rappellent dans un premier temps le meurtre du policier Éric Masson, 36 ans, par un dealer de drogue à Avignon, puis celui de Chahinez, mère de famille de 31 ans, par son ex-conjoint condamné à 18 mois de prison mais sorti après moins de quatre. Ils font ensuite état des multiples attaques directes envers les policiers ces derniers jours. «Ces faits divers quotidiens questionnent évidemment la chaîne pénale à son extrémité, au niveau de l'exécution efficace et réelle des sanctions les plus adaptées», estiment-ils.

«Les forces de l'ordre n'en peuvent plus de revoir toujours les mêmes auteurs les narguer après avoir été déférés au tribunal et être ressortis libres», poursuivent-ils.

Ils affirment que la justice française a tendance à prononcer des peines alternatives plutôt que de la prison ferme, ce qui ne fait plus peur aux multirécidivistes. «Il faut de toute urgence stopper le train fou de la délinquance avant que toute la société ne déraille définitivement», préviennent-ils.

100.000 places de prison

Syndicats et magistrats mettent en cause «l’idéologie» selon laquelle «la prison c’est mal, il ne faut pas enfermer le criminel mais l’éduquer». Un principe adopté, selon eux, par manque de places dans les prisons du pays, et c’est pourquoi ils appellent la France à «augmenter de 50% les capacités de ses prisons». D’après les chiffres du ministère de la Justice au 1er janvier 2021, quelque 75.000 personnes sont actuellement incarcérées, et plus du double «suivies en milieu ouvert». Les signataires souhaitent 100.000 places de prison, soit 25.000 supplémentaires.

Une mesure qui permettra, selon eux, que les peines d’emprisonnement prononcées dans les tribunaux soient réellement exécutées.

«Nos forces de police et de gendarmerie pourraient donc enfin recevoir les ordres adéquats pour neutraliser de manière systématique les groupes délinquants, en sachant que leurs procédures aboutiraient à des sanctions réellement effectives», assurent-ils.

Enfin, la création de ces places de prison aboutirait à une meilleure confiance des Français dans la justice, conclut le texte.

Reçus par Castex

Conséquence directe de la tribune ou non, Jean Castex a reçu lundi soir les syndicats de police, parmi lesquels au moins trois signataires, à Matignon afin de «travailler avec eux à une amélioration de la réponse pénale», indique l’AFP. Outre le meurtre du brigadier à Avignon, la profession avait déjà été endeuillée dix jours plus tôt par l’assassinat de l’agente administrative Stéphanie Monfermé au commissariat de Rambouillet par un individu radicalisé.

Il faut «améliorer la chaîne pénale, aborder le problème les yeux dans les yeux et simplifier le Code pénal pour apporter des réponses rapides aux victimes», insiste David Le Bars, secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN).

Du côté d’Alliance police nationale, le secrétaire général Fabien Vanhelmelryck estime que «la justice a un problème de moyens», et attend «un vrai signal du gouvernement».

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